La demande culturelle existe et se développe.
Notre enseignement – en même temps qu’il la suscite – y répond par l’accès à la compréhension et aux pratiques d’une activité créative dont la perception rencontre de multiples aspirations, du souci d’un rendu documentaire au fantasme du grand Art. Fantasme nourri d’une idée sacralisée de l’art en un moment où celui-ci est devenu le lieu et l’objet de son propre culte, loin de sa source sacrée.
Le rôle d’une école d’art est d’agir, par ce qu’elle permet de pratiquer, en révélateur du sens et des préoccupations spirituelles qui ont animé les processus de création au cours de l’Histoire.
Portant en lui la somme ou l’absence de ces préoccupations, l’art contemporain constitue à la fois le point de convergence et le point de départ d’une réflexion pédagogique globale sur la raison et sur les moyens initiant le sens et l’envie de créer. Dans son ambivalence et par elle, il permet le plus vaste questionnement sur le seul fait qu’il soit.

Depuis quelques décennies, l’enseignement artistique -à la lumière de l’art moderne- s’est affranchi des conventions académiques stéréotypées d’antan. L’ancien asservissement à la copie de l’antique, aux « canons », aux idéaux humanistes s’est muée en une recherche éperdue comme valeur d’affirmation du fait humain, de l’expression personnelle. En même temps que cette consécration définitive de la singularité, et en dépit des multiples essais, traités, théories qui en confirment le bien-fondé, il faut bien établir le constat que l’œuvre est rétive aux systèmes, fussent-ils généreux et intelligents, qui tentent de vulgariser le mystère de son élaboration.
Comment dans ces conditions envisager la transmission du savoir et favoriser une création dépassant le simple plaisir esthétique ? Ce défi peut trouver une ébauche de réponse dans une meilleure structuration des moyens d’apprentissage propres à la pratique artistique.
Que celle-ci -heureusement- ne requière pas dans ses gestes le préalable d’un questionnement sur les moyens de l’expression, l’intention artistique, le sens de la forme, la signification des techniques… n’exclut pas l’importance d’en tenir compte à divers degrés et de diverses manières dans les processus d’appropriation du « faire ».
C’est vers quoi tendront le projet pédagogique et les programmes des cours.